Cinq visages de l’éducation des filles au Nigéria
Reportage photo : histoires et témoignages qui mettent en évidence les progrès réalisés par le Nigéria et les défis subsistants
25 août 2016 par Secrétariat du GPE
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Lecture : 8 minutes

Le Nigéria est l'un des plus grands pays d’Afrique, et celui qui affiche le taux d'enfants non scolarisés le plus élevé au monde (ISU, 2010). Le pays est confronté à de sérieuses difficultés, notamment un niveau élevé de pauvreté, un faible taux de scolarisation, des inégalités entre les sexes, un manque de qualité et de pertinence, de mauvaises infrastructures et conditions d’apprentissage.

Le Partenariat mondial pour l’éducation soutient l’éducation au Nigéria grâce à un financement de 100 millions de dollars pour la période 2015-2019. Ce financement vise l’amélioration de l’éducation des filles au moyen de transferts monétaires, afin d’encourager la participation des filles, à travers des bourses pour que les femmes puissent fréquenter des établissements d’enseignement professionnel, du renforcement des capacités et d’un soutien opérationnel sur les questions affectant le maintien des filles à l’école et d’une sensibilisation aux problématiques liées au genre.

Au cours d’une récente visite dans le pays, nous avons recueilli des histoires et des témoignages sur les progrès accomplis par le pays, ainsi que sur les difficultés qui y subsistent.

Mariam Isah, 8 ans – L’espoir d’une communauté

Mariam Isah, 8ans, Tsamiya Goma, Etat de Jigawa au Nigéria. Credit: GPE/Kelley Lynch

Mariam Isah est élève en 2e année du primaire dans le village de Tsamiya Goma, dans l’État de Jigawa. Son grand-père, le chef du village, encourage les habitants à envoyer leurs filles et leurs fils à l’école. Il pense que plus les filles iront à l'école et reviendront soutenir leur communauté, plus les familles seront plus enclines à désirer l’éducation de leurs filles.

Tandis qu’il envisage une carrière de médecin pour sa petite-fille, celle-ci souhaite enseigner et « aider d’autres enfants à apprendre ». Dans tous les cas, elle sait qu’elle peut compter sur le soutien non seulement de sa famille, mais aussi de tout son village.

Nasiba Alhassan, 12 ans – Le travail et les tâches domestiques laissent peu de temps pour apprendre

Nasiba Alhassan (voile rose) vendant du riz et des haricots avec d'autres filles. Etat de Jigawa au Nigéria. Crédit: GPE/Kelley Lynch

Nasiba, ci-dessus vêtue d’un voile rose, élève en 5e année à l'école Miga Central, est une petite fille très occupée. En plus d'aller à l'école, elle vend du riz et des haricots au marché pour aider sa famille, va chercher de l’eau, aide à faire le ménage et suit un enseignement coranique.

Le fort taux de pauvreté de sa région fait que de nombreuses fillettes telles que Nasiba se trouvent dans une situation similaire. En fait, les filles arrivent souvent en retard à l’école ou n’y vont pas du tout parce qu'elles doivent d’abord finir leur vente. Nasiba vend à la criée pour que sa mère puisse lui coudre des vêtements et lui donner l’argent qui lui permettra de s’acheter de quoi manger pendant la récréation à l’école.

Lorsqu’on lui demande comment elle trouve le moyen de faire ses devoirs, Nasiba répond :

« Parfois, je vends le riz et les haricots très vite, je rentre à la maison faire mes devoirs avant d'aller à l'école coranique. Mais la plupart du temps, je dois les faire le matin sur le chemin de l’école avant d’entrer en class ».

Bilky Wada, 14 – Manque l’école à cause de ses règles

Bilky Wada, 14 ans, assise avec ses camarades à l'école de Miga central dans l'Etat de Jigawa au Nigéria. Crédit: GPE/Kelley Lynch

Bilky Wada est en classe de 6e et adore aller à l’école. Elle fait des efforts pour réussir à l'école afin de suivre les pas de sa sœur et être scolarisée dans le secondaire. Elle souhaite devenir infirmière pour aider sa communauté.

Toutefois, elle dit que la majorité de ses camarades de classe sont en avance sur elle. Pourquoi ? Parce qu’elle reste à la maison quand elle a ses règles. Les toilettes de son école sont réservées exclusivement aux enseignants, et ses camarades et elle-même, sont obligées de faire leurs besoins dehors.

« Les garçons se moquent de nous quand on fait nos besoins dehors. Parfois, on rentre chez nous en courant et on quitte l’école parce qu’on a honte ».

Sumayya Ado, 13 ans – Première de la classe

Sumayya Ado, en foulard rouge, assise à même le sol avec d'autres filles dans une salle de classe à l'école de Janbulo Islamiyya. Nigéria Crédit: GPE/Kelley Lynch
« Mes parents m’encouragent beaucoup. Ils veulent que j’aille à l’école ».

Malgré les obstacles complexes rencontrés par de nombreuses Nigérianes, pour certaines, aller à l’école est très simple : « Je me lève, je mange mon petit-déjeuner et je viens à l’école ». C’est le cas de Sumayya Ado, élève de 6e année à l’école primaire coranique Janbulo, qui associe éducation à l’occidentale et enseignement coranique.

Lorsqu’on lui demande ce qu'elle changerait dans son école, Sumayya répond qu’elle souhaiterait avoir plus de toilettes, des classes plus petites et moins chargées. Comme le montre la photo, le manque de pupitres et les normes culturelles font que les filles s’asseyent par terre (Sumayya porte le foulard rouge) tandis que les pupitres sont réservés aux garçons.

Pour la première fois, un des enseignants est une femme, et Sumayya dit que cela lui permet de se « sentir plus libre » :

« Avec les enseignants hommes, je pose des questions, mais je me sens beaucoup plus libre de poser des questions à l’enseignante. Les deux enseignent bien, mais comme l’enseignante est plus proche de moi, je suis plus à l'aise et libre de poser davantage de questions ».

Rashida Ali, 14 ans – Déplacée et non scolarisée

Rashida Ali, 14 ans, avec un plateau de melons sur la tête. Nigéria Crédit: GPE/Kelley Lynch

Rashida vit dans l’État de Jigawa depuis 2 ans. Originaire de Doron Baga à Maiduguri, elle a fui sa maison avec sa famille après l’attaque de son village par Boko Haram : « Ils ont commencé à tuer les gens sous nos yeux ».

Chez elle, elle était scolarisée à l'école coranique avec les autres enfants du village. Les écoles « occidentales », qui, à Maiduguri, ne sont pas gratuites pour les filles comme à Jigawa, étaient trop chères. Quand nous avons visité le camp informel, fait de cases de fortune séparées par des barrières de roseaux, Rashida venait de se lancer dans une nouvelle activité commerciale à la demande de sa mère. Utilisant les 250 nairas obtenus en mendiant, elle avait acheté des melons pour les vendre. Elle avait déjà récupéré ses 250 nairas et allait pouvoir dégager un profit de la vente des melons restants.

À 14 ans déjà, Rashida risque d’être trop âgée pour retourner à l’école un jour.

Toutes les photos ont été prises par Kelley Lynch

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Commentaires

Très intéressant nous pouvons découvrir que certaines filles ne peuvent pas aller à l'école alors moi je pense que tout ce que vous avez fait pour ces jeunes filles montrent que tout leur témoignages sont différents que les autres et que aucune d'elle se ressemble également tous par le même train de vie c'était très intéressant

c'est dommage que pas tout le monde n'est accès à l'éducation

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